Vingt ans de diplomatie démocratique Onusienne: Le Fonds des Nations Unies pour la Démocratie à l’épreuve du droit international public

Abstract [Fr]: Vingt ans après sa création à l’initiative de Kofi Annan, le Fonds des Nations Unies pour la démocratie (UNDEF) conserve une position paradoxale : tout en promouvant la démocratie par un soutien direct à la société civile, il reste juridiquement marginal et politiquement contesté. Cet article examine le statut, le fonctionnement et la portée normative de l’UNDEF à la lumière du droit international et des dynamiques géopolitiques actuelles. Né sans traité constitutif ni base conventionnelle, à partir d’une déclaration politique du Sommet mondial de 2005, le Fonds présente une nature hybride, suscitant des tensions sur sa légitimité et son autorité. Financé par des contributions volontaires et s’adressant à des acteurs infra-étatiques, il s’écarte de la logique intergouvernementale traditionnelle, alimentant les doutes sur son statut. Malgré des centaines de micro-projets dans plus de cent pays, son impact reste limité en raison du manque d’indicateurs solides, d’un suivi incohérent et de l’absence d’intégration dans des réformes structurelles. L’UNDEF joue néanmoins un rôle discursif important, diffusant une conception libérale de la démocratie qui influe sur les rapports entre souveraineté et légitimité internationale. Cela soulève des interrogations sur l’universalité du paradigme démocratique, le pluralisme politique et la frontière entre soutien et ingérence. Sans redéfinition conceptuelle et politique de son mandat, le Fonds risque de rester un acteur périphérique : symboliquement utile mais structurellement faible.

Titolo: Vent’anni di diplomazia democratica Onusiana: il Fondo delle Nazioni Unite per la Democrazia alla prova del diritto internazionale pubblico.

Abstract [It]: Vent’anni dopo la sua creazione su iniziativa di Kofi Annan, il Fondo delle Nazioni Unite per la Democrazia (UNDEF) conserva una posizione paradossale: pur promuovendo la democrazia tramite il sostegno diretto alla società civile, resta giuridicamente marginale e politicamente contestato. L’articolo analizza statuto, funzionamento e portata normativa dell’UNDEF alla luce del diritto internazionale e delle attuali dinamiche geopolitiche. Nato senza trattato costitutivo né base convenzionale, da una dichiarazione politica del Vertice mondiale 2005, il Fondo ha natura ibrida, sollevando tensioni su legittimità e autorità. Finanziato da contributi volontari e rivolto ad attori infra-statali, si discosta dalla logica intergovernativa, alimentando dubbi sullo status. Nonostante centinaia di micro-progetti in oltre cento paesi, l’impatto è limitato da carenza di indicatori, monitoraggio incoerente e mancata integrazione in riforme strutturali. L’UNDEF svolge però un ruolo discorsivo rilevante, diffondendo una concezione liberale della democrazia che incide sui rapporti tra sovranità e legittimità internazionale. Ciò apre interrogativi su universalità del paradigma democratico, pluralismo politico e confine tra sostegno e ingerenza. Senza una ridefinizione concettuale e politica del mandato, il Fondo rischia di restare un attore periferico: simbolicamente utile ma strutturalmente debole.

Title: Twenty Years of UN Democratic Diplomacy: The United Nations Democracy Fund Tested by Public International Law.

Abstract [En]: Twenty years after its creation at the initiative of Kofi Annan, the United Nations Democracy Fund (UNDEF) retains a paradoxical position: while promoting democracy through direct support to civil society, it remains legally marginal and politically contested. This article examines UNDEF’s statute, functioning, and normative scope in light of international law and current geopolitical dynamics. Established without a constitutive treaty or conventional basis, from a political declaration at the 2005 World Summit, the Fund has a hybrid nature, raising tensions over legitimacy and authority. Funded by voluntary contributions and targeting sub-state actors, it departs from the traditional intergovernmental logic, fueling doubts about its status. Despite hundreds of micro-projects in over one hundred countries, its impact is limited by the lack of robust indicators, inconsistent monitoring, and failure to integrate into structural reforms. UNDEF nonetheless plays a significant discursive role, promoting a liberal conception of democracy that shapes relations between sovereignty and international legitimacy. This raises questions about the universality of the democratic paradigm, political pluralism, and the boundary between support and interference. Without a conceptual and political redefinition of its mandate, the Fund risks remaining a peripheral actor: symbolically useful but structurally weak.

Mots-Clés: Démocratie, multilatéralisme, société civile, souveraineté, normativité, institutions internationales, légitimité, gouvernance, participation citoyenne, instrumentalisation normative.

Parole chiave: Democrazia, multilateralismo, società civile, sovranità, normatività, istituzioni internazionali, legittimità, governance, partecipazione civica, strumentalizzazione normativa.

Keywords: Democracy, multilateralism, civil society, sovereignty, normativity, international institutions, legitimacy, governance, citizen participation, normative instrumentalization.

Sommario: 1. Introduction - 2. Une institution juridiquement incertaine à la croisée des logiques NORMATIVES ET multilatér. 2.1. Un mandat sans assise conventionnelle: une fracture avec les exigences de légalité en droit international institutionnel. 2.2. Une tension structurelle entre universalisme démocratique et souveraineté des États. 3. Un bilan critique à l’horizon 2025: entre performances limitées et fonction idéologique. 3.1. Deux décennies de micro-projets: impact restreint, ambitions globales. 4. Conclusion. 4.1. Le FNUD, entre innovation institutionnelle et impasse normative. 4.2. Vers une réforme juridique de la FNUD: pistes institutionnelles et instruments normatifs.